Charité bouddhique à l'hôpital

Depuis août 2006, à l'initiative de la bonzesse Thich Nu Nhu Hiên, chargée de la gestion de la pagode Linh Son Thanh Nhàn, (arr. Hai Bà Trung, Hanoi), des cancéreux en traitement à l'hôpital K bénéficient de déjeuners gratuits. Un soutien essentiel pour ces patients pauvres.
"Le riz vient d'arriver. Qu'est ce qu'il y a au menu aujourd'hui ? Liserons d'eau et viande cuite dans de la saumure de poisson". Un groupe de patientes et leurs proches poussent des cris de joie lorsque déboule à 10h30 comme chaque jour la moto transportant 70 "repas du coeur" concoctés par des bonzesses et offerts gracieusement aux malades les plus déshérités. À la différence des autres véhicules, la moto pénètre d'un trait dans la clinique sans marquer un temps d'arrêt devant la guérite des vigiles.

"Je suis reconnaissante envers les bonzesses car ces repas gratuits permettent de baisser les frais d'hospitalisation de mon mari, en traitement pour un cancer du cavum", explique Lê Thi Nghia, une paysanne du district de Huong Khê, province de Hà Tinh (Centre). "En seulement 5 jours d'hospitalisation, ma famille a déjà dû emprunter 7 millions de dôngs à la banque", confie-t-elle en sanglotant.

"Ces déjeuners gratuits me permettent d'économiser quotidiennement de 5.000 à 10.000 dôngs. Ce midi, je vais manger avec modération afin d'en garder un peu pour ce soir", dit Bùi Van On, de la province de Ninh Binh, en chimiothérapie depuis 3 mois. "Il sera difficile pour nous de rembourser notre emprunt de 30 millions de dôngs. Mais nous ferons tout notre possible pour sauver mon mari. Il faut persévérer tant qu'il reste de l'espoir", a ajouté sa femme, Nguyên Thi Xâu. Pour une famille pauvre qui ne bénéficie d'aucune couverture sociale, une hospitalisation de plusieurs mois est un événement catastrophique qui l'oblige souvent à vendre des biens, voire à s'endetter auprès des banques. "Je suis très heureuse de pouvoir bénéficier de ces repas. Aujourd'hui, exceptionnellement, je vais tout manger car demain je passe sur la table d'opération", confie Luông Thi Huôn, une femme Thai vivant au district de Môc Châu, province de Son La.

Vertu bouddhiste de compassion et charité
C'est la bonzesse Thich Nu Nhu Hiên, chargée de la gestion de la pagode Linh Son Thanh Nhàn, qui a eu l'idée d'instaurer ces "déjeuners du coeur". Dès l'aube, les bonzesses de la pagode préparent environ 70 repas. "Chaque jour, je dois débourser 400.000 dôngs au marché, à quoi s'ajoute le riz offert par des fidèles", explique Thich Nu Nhu Hiên. Et pourquoi avoir choisi l'hôpital K ? "Par ce que le cancer est une maladie terrible, souvent incurable, qui nécessite une longue prise en charge hospitalière. Or, la plupart des cancéreux sont des personnes pauvres, des membres d'ethnies minoritaires. Conformément aux préceptes de notre religion, nous voulons aider ces malheureux pour qu'à la douleur physique ne s'ajoute pas la douleur morale due aux difficultés financières", répond-t-elle, pour qui soutenir des personnes dans le besoin est aussi une manière de progresser et de s'élever spirituellement.

La distribution se fait tous les jours de 10h30 à 11h30, qu'il pleuve ou qu'il vente. C'est Mme Pham Thi Hiên, infirmière en chef de l'hôpital, qui est chargée de sélectionner les bénéficiaires et de distribuer les tickets-repas. "La naissance au sein de notre hôpital d'un Fonds d'assistance aux patients en situation difficile ne peut malheureusement pas répondre à toutes les demandes. C'est pourquoi nous accueillons à bras ouverts ce soutien des bonzesses de la pagode Linh Son Thanh Nhàn. Pour les pauvres, gagner son pain quotidien est toujours une lutte. Alors lorsque la maladie vient jouer les troubles fêtes, et particulièrement le cancer qui nécessite de lourdes dépenses, ils ne peuvent plus mener ce combat et dépérissent très vite", assure Dang Thê Can, directeur adjoint de l'hôpital K. Depuis peu, une cinquantaine de repas sont aussi distribués à des enfants en chimiothérapie dans la clinique de pédiatrie, toujours au sein de l'hôpital K.

L'initiative de la bonzesse Thich Nu Nhu Hien, si elle est l'expression vivante de la vertu bouddhiste de compassion et de charité, répond aussi au désir du gouvernement et du Parti de plus impliquer les religieux et toute la communauté des fidèles, toutes confessions confondues, au sein de la société, et plus particulièrement dans les activités caritatives.

Thanh Tuê/CVN
( Têt 2007 )

http://lecourrier.vnanet.vn/default.asp?CATEGORY_ID=16&NEWSPAPER_ID=65&TOPIC_ID=77&REPLY_ID=41473