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Florence N
25 février 2008

Le nombre d'enfants étrangers adoptés en France a baissé de plus de 20 % en 2007

"En France, l'adoption internationale se porte mal : en 2007, le nombre d'enfants étrangers adoptés par des couples français a chuté de plus de 20 %, passant de 4 136 à 3 162. "Ces chiffres sont préoccupants, souligne la présidente du Conseil supérieur de l'adoption, Michèle Tabarot. L'Agence française de l'adoption (AFA), créée en 2005, a eu du mal à se mettre en route et le contexte international est défavorable. Ces dernières années, beaucoup de pays se sont fermés." L'origine des enfants adoptés a évolué en conséquence. En 2007, l'Ethiopie est en tête, avec 417 visas accordés pour l'adoption, suivie d'Haïti (403) et de la Russie (402).

La Chine (176 visas accordés aux Français) impose ainsi des critères de plus en plus drastiques aux couples qui souhaitent adopter : les époux doivent être diplômés, avoir un casier judiciaire vierge, ne présenter ni maladie ni handicap sérieux, et travailler tous les deux. Depuis 2006, le couple demandeur doit en outre gagner plus de 30 000 dollars par an, être propriétaire de son logement et posséder un patrimoine de plus de 80 000 dollars.

D'autres pays souhaitent restreindre le nombre d'enfants. A partir du 1er mars, la Lettonie (2 % des adoptions françaises en 2006) n'examinera que les projets concernant les enfants de plus de dix ans, les fratries de plus de trois enfants et les enfants atteints de maladies graves ou d'importants troubles du développement physique ou mental.

"L'AFA dépend des évolutions de l'adoption internationale, qui a accusé en 2007 une tendance générale à la baisse, déjà amorcée au cours de l'année 2006", résume le Quai d'Orsay.

Ces chiffres inquiètent les 25 000 familles françaises qui attendent un enfant. Les délais, déjà très longs, pourraient encore augmenter : entre le dépôt du dossier d'agrément et l'accueil de l'enfant, il s'écoule en moyenne deux ans et demi. "Cette baisse du nombre d'enfants est une tendance de fond, note la présidente d'Enfance et familles d'adoption, Janice Peyré. Il convient sans doute de réfléchir à la préparation des parents et à la finalité de l'agrément : à quoi cela sert-il que les conseils généraux en délivrent 8 000 à 9 000 par an si certains couples ne peuvent pas, ensuite, accueillir un enfant ?"

Pour expliquer la baisse du nombre d'enfants adoptables, nombre de spécialistes invoquent le fait que de plus en plus de pays ratifient la Convention de La Haye de 1993. Pendant la refonte de leur législation, ces Etats se ferment à l'adoption internationale. Madagascar, pays qui compte beaucoup d'orphelinats, a décidé en 2005 de ratifier la Convention. Pendant dix-huit mois, l'île a suspendu les adoptions dans l'attente de nouveaux textes. "Ce pays devrait se rouvrir fin février, précise la directrice générale de l'AFA, Laure de Choiseul. Mais le redémarrage sera lent : nous espérons faire aboutir une cinquantaine de dossiers dans les six prochains mois." Ces suspensions "posent des problèmes aux familles mais la signature de la Convention est une bonne nouvelle pour les enfants, ajoute Mme de Choiseul. Elle oblige le pays à mettre en place un organisme central, à organiser des procédures transparentes et à réprimer les trafics."

Une fois la Convention signée, les pays d'origine s'engagent, au nom de l'intérêt de l'enfant, à privilégier les adoptions sur leur propre sol afin de ne pas éloigner les enfants de leur culture d'origine. Dans les pays émergents, où une classe moyenne commence à apparaître, les adoptions peuvent désormais avoir lieu sur place. "Dans les années 2000, plus de 15 000 enfants chinois (essentiellement des filles) étaient adoptés tous les ans à l'étranger, note Marie-Christine Le Boursicot, membre du Conseil supérieur de l'adoption. Mais en 2005, il y a eu pour la première fois plus d'enfants adoptés par des familles chinoises qu'à l'étranger."

Pour développer les adoptions vers la France, l'AFA demande à pouvoir mener des microprojets de coopération avec les orphelinats du monde entier. "Nos statuts nous l'interdisent alors que les agences italiennes peuvent le faire, regrette Mme de Choiseul. Il s'agirait, par exemple, de leur apporter de l'aide en refaisant un sol en dur, en assainissant l'eau ou en payant des nounous supplémentaires. Mais il faut être très prudent : la Convention de La Haye interdit tout mélange des genres." Jean-Marie Colombani, ancien directeur du Monde, doit remettre très prochainement un rapport sur le sujet à l'Elysée."

http://www.lemonde.fr/societe/article/2008/02/25/le-nombre-d-enfants-etrangers-adoptes-en-france-a-baisse-de-plus-de-20-en-2007_1015379_3224.html

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