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Florence N
9 octobre 2006

Après dix ans de forte croissance, le Vietnam s'apprête à intégrer l'OMC

LE MONDE | 09.10.06 | 15h24  •  Mis à jour le 09.10.06 | 15h24

Le Vietnam - 83 millions d'habitants - pourrait être admis au sein de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), suite au conseil général de l'institution, mardi 10 et mercredi 11 octobre. Pour Hanoï, qui a achevé toutes les négociations bilatérales, la balle est dans le camp des Etats-Unis.

"La Chine n'exercera pas de pression directe, mais Washington, à l'approche de la campagne présidentielle, pourrait soulever d'autres questions, comme celle de l'ouverture du marché des services", précise Cao Viet Sinh, vice-ministre vietnamien du plan et des investissements (MPI) en visite à Paris, jeudi 5 octobre, afin de parapher l'octroi d'un prêt de 200 millions d'euros pour la construction d'un métro à Hanoï.

Le Vietnam, comme ses voisins du Sud-Est asiatique, craint que ce secteur, s'il devait être plus libéralisé, ne passe aux mains des multinationales étrangères. "Même si notre intégration est reportée, au plus tard au début de 2007, cela ne se fera pas à n'importe quel prix", précise le vice-ministre.

Si l'économie vietnamienne est en légère perte de vitesse, elle reste l'une des plus dynamiques d'Asie du Sud-Est. La croissance pourrait atteindre 8,13 % en 2006, selon les dernières données du département des statistiques, en légère baisse par rapport aux 8,4 % de 2005. Ces dix dernières années, la croissance a, en moyenne, atteint 7,2 % par an.

En 2006, des catastrophes naturelles et sanitaires ont touché l'économie du pays. Des inondations dans le centre et le delta du Mékong ont endommagé les récoltes, tandis que près de la moitié des régions vietnamiennes étaient affectées par une épidémie de fièvre aphteuse tuant vaches, buffles et cochons.

RECUL DE LA PAUVRETÉ

L'agriculture, la pêche et le secteur forestier, qui pèsent pour 20 % dans l'économie du pays, n'ont crû que de 3,3 % lors des trois premiers trimestres, contre 4,4 % durant la même période de l'année précédente. La croissance de 9,85 % de l'industrie et de la construction et celle de 8,03 % du secteur des services ont permis de redresser la situation.

Le Vietnam, dont l'objectif est de dépasser son statut de "pays à faible revenu" (875 dollars par habitant par an) d'ici à 2010, est encore loin de son but : le revenu par habitant y est aujourd'hui de 620 dollars par an.

Cela dit, depuis 1990, le pourcentage de la population sous le seuil de pauvreté, établi à 1 dollar par jour, est tombé de 51 % à 8 %, sans s'accompagner d'un accroissement des inégalités. L'indice de Gini, qui mesure les disparités de revenus, est resté stable, à 0,37, contre 0,35 en 1998, selon la Banque mondiale. La baisse rapide du nombre d'habitants vivant sous le seuil de pauvreté a coïncidé avec un transfert massif des travailleurs agricoles vers les autres secteurs : en huit ans, ils sont passés de la moitié de la population en âge de travailler à moins de 40 %.

Dans le même temps, la part des exportations dans la croissance a plus que doublé. Et si les ventes à l'étranger de produits agricoles, voire électroniques, ont baissé depuis 2000, celles du secteur textile ne cessent de gagner du terrain. Dans ce contexte, la décision de l'Union européenne de taxer les importations de chaussures en provenance de Chine et du Vietnam n'est pas une bonne nouvelle.

Alors que Pékin a menacé l'Union européenne de représailles, M. Viet Sinh dénonce un processus qui revient à taxer les plus défavorisés. "80 % de la main-d'oeuvre employée dans l'industrie de la chaussure sont des femmes issues de la campagne, qui ont bénéficié d'une formation. Alors qu'adviendra-t-il des acquis de la lutte contre la pauvreté et de l'égalité des chances après l'introduction de ces taxes et leurs conséquences sur les petites entreprises du secteur ?", s'inquiète-t-il.

La banque HSBC, dans un rapport publié en septembre, estime que les agences de notations financières devraient, dans un délai de six à neuf mois, revoir leur notation à la hausse pour attribuer la note de BB/stable au Vietnam, "en raison de son économie robuste, raisonnablement tournée vers l'extérieur, de sa stabilité politique et de ses avancées en matière de réformes structurelles".

Maguy Day

Article paru dans l'édition du 10.10.06

http://http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3234,36-821469@51-821567,0.html

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