Egalitarisme pervers

12/04/2007 - Violaine de Montclos - © Le Point

"C 'est une triste histoire, qui révèle la position intenable de l'Agence française pour l'adoption (Afa) - créée en 2005 par Philippe Douste-Blazy -, sur ce qu'il faut bien appeler le « marché » très tendu de l'adoption internationale. Le 15 mars, l'Afa annonce qu'elle est autorisée par le gouvernement vietnamien à adopter sur son sol. Trois heures après, 150 demandes lui sont déjà envoyées.

En tout, 1 560 dossiers lui parviennent, alors que, n'ayant obtenu l'accès qu'à deux orphelinats, l'Afa ne peut espérer que 200 enfants. Le 28 mars, elle procède donc, sous contrôle d'huissier, à une attribution aléatoire de numéro de dossier afin d'envoyer les 200 premiers. Un tirage au sort dont s'indignent les familles. « Que pouvions-nous faire ? interroge Chantal Cransac, porte-parole de l'agence. Nous sommes une agence publique, nous n'avons pas le droit, contrairement aux organismes privés, de faire une sélection. »

Le fameux égalitarisme à la française, qui confine parfois à l'absurde. Car toutes les demandes agréées par la DDASS se valent donc pour l'Afa, qu'elles soient en souffrance depuis quatre ans ou depuis deux mois, qu'il s'agisse de trentenaires ou de sexagénaires, de couples ayant déjà ou non un enfant. Plus grave : alors que la demande d'adoption internationale explose et que l'« offre » d'enfants adoptables se réduit, les puissances occidentales se livrent sur place à une concurrence acharnée et l'agence, dans ce contexte, est démunie. Ainsi le Vietnam réclame- t-il des « projets humanitaires » - en fait, une contrepartie financière - de la part des pays adoptants. Or l'Afa n'a pas de poste budgétaire pour ce volant « humanitaire ». « Les Américains allongent les dollars, nous mettons en avant d'autres atouts », confiait au Point Laure de Choiseul, sa présidente, en novembre 2006. Une position tout à l'honneur de la France. Mais qui risque de laisser bien des adoptants français sur le carreau."

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