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Florence N
23 octobre 2006

Mon frère se marie

Jean-Stéphane Bron en famille

Inspiré de faits réels, le premier film de fiction du cinéaste romand conte l’histoire d’un réfugié boat people, un bon prétexte pour nous faire découvrir le «pho», un plat traditionnel vietnamien.

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Attendu au contour par la profession pour son premier long métrage de fiction, Jean-Stéphane Bron reste serein. Celui qui avait remporté le Prix du cinéma suisse dans la catégorie documentaire pour Mais im Bundeshuus – le génie helvétique en 2004, vient de rafler deux prix au Festival international du film francophone de Namur, en Belgique, pour Mon frère se marie.

La recette de son succès, il la doit sans doute à sa perpétuelle recherche de vérité et d’humanité. «La restitution de liens authentiques constitue l’élément commun à tous mes films. Même si les relations entre les gens sont difficiles, j’essaie à chaque fois de les montrer sous l’angle de la réalité, d’en faire ressortir la vérité et la justesse», affirme Jean-Stéphane Bron. Ainsi, de manière à transcender les rapports humains, le cinéaste s’est inspiré de sa propre vie pour les éléments qui servent de fil rouge à son film.

Une histoire de fratrie

La famille, parlons-en. Jean-Stéphane Bron a grandi à Romanel-sur-Lausanne aux côtés d’un frère vietnamien, Dinh. «Tout comme dans le film, ma mère avait lu une annonce: une association cherchait des familles d’accueil pour des enfants boat people, c’est comme ça que Dinh est arrivé à la maison, raconte le cinéaste. C’était mon vrai frère, on se défendait mutuellement dans la cour de récréation.»

Coécrit avec Karine Sudan, le scénario s’inspire de l’histoire de ce frère vietnamien. Dans le film, Dinh s’appelle Vinh, boat people, il a été accueilli par la famille Depierraz vingt ans auparavant. A l’annonce de son mariage, sa mère biologique décide de faire le voyage depuis le Vietnam afin de rencontrer cette famille, modèle à ses yeux, qui a adopté et vu grandir son fils. Sauf que depuis, le couple a divorcé et la famille éclaté. Reste alors à jouer la comédie pour sauver les apparences.

Pour Jean-Stéphane Bron, ce plongeon dans la fiction est plutôt un «glissement naturel». «J’ai utilisé les mêmes outils que pour un documentaire, on a même tourné les scènes dans l’ordre chronologique. J’étais attaché à ce que tout soit le plus vrai possible. L’authenticité repose sur le jeu des acteurs: Bideau amène beaucoup de Jean-Luc, de même pour Mademoiselle Clément qui apporte beaucoup d’Aurore.» La présence et la spontanéité de Dung Nguyen, interprète du rôle de Vinh et non professionnel, renforcent la dimension humaine de la fiction. Est-ce aussi dans le but d’intensifier cette réalité que Jean-Stéphane Bron l’a convié pour réaliser le «pho» – prononcer feu – la soupe traditionnelle vietnamienne? Sans aucun doute.

La vérité à son paroxysme

«En fait, si j’ai incité Dung à jouer Vinh, c’est aussi parce qu’il est le vrai frère de Dinh, mon frère d’adoption», révèle le cinéaste. A ce niveau-là, la réalité dépasse la fiction... Regard complice entre les deux hommes qui profitent du trouble jeté par cette confidence pour aller jeter un œil dans la marmite.

Mais que contient ce fameux bouillon? Echange de regards entre le réalisateur et son comédien… Encore un secret de famille? «En quelque sorte, oui, esquisse timidement Dung, on s’est fait gauler», renchérit Jean-Stéphane, et d’avouer que le bouillon a été préparé dans les règles de l’art par la jeune sœur de Dung, elle aussi accueillie enfant par une famille de la région. Reprenant les choses en main, Jean-Stéphane Bron et Dung Nguyen commencent à couper les piments. L’un gaucher, Jean-Stéphane, l’autre droitier, Dung, s’exécutent de manière parfaitement synchronisée. Rires et sourires de connivence s’enchaînent alors que le cinéaste raconte son premier voyage au Vietnam en 1995, et son arrivée à Phan Thiet, la ville des frères Nguyen qu’ils ont toujours appelée «le village».

Voyage rêvé depuis des années, Jean-Stéphane Bron s’était fait une idée du pays de son frère, de la maison où il était né et de ce qu’il croyait être un village. «En fait, ce «village» est un quartier de la ville dont la rue principale mène à l’une des plus belles plages du Vietnam – à son avis. Et tout le monde se connaît, en fait c’est pour ça qu’on le nomme ainsi.» Déposant le nuoc mam sur la table, Dung attire notre attention sur le fait que toute la cuisine vietnamienne repose sur le goût incomparable de cette sauce de poisson. Un incontournable qui provient directement de sa ville d’origine.

Séverine Liardon

Photos Thierry Parel

La recette de Jean-Stéphane Bron: le «pho» vietnamien

http://www.migrosmagazine.ch/index.cfm?id=14881

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