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Florence N
20 mars 2007

Interview : Vietnam, pilier asiatique de la Francophonie

De concert avec quelque 200 millions de francophones à travers le monde, 500.000 Vietnamiens francophones célèbrent aujourd'hui la Journée internationale de la Francophonie. Rencontre avec Patrice Burel, directeur du Bureau régional Asie-Pacifique de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF).
M. le directeur, quelles sont vos remarques sur le rôle ainsi que les contributions du Vietnam dans le développement de la communauté de la Francophonie ces derniers temps ?

Le Vietnam est membre de la Francophonie institutionnelle depuis ses débuts, en 1970. Il prend toute sa part dans la définition des orientations de la Francophonie, notamment depuis la création du Bureau régional de l'OIF à Hanoi en 1994 et, plus encore, depuis le Sommet des chefs d'État francophones qui s'est réuni à Hanoi en 1997 et dont nous célébrons cette année le 10e anniversaire.

Les représentants du Vietnam sont très actifs au sein des instances de l'OIF. Ils sont souvent les premiers à répondre "présent" lorsqu'il s'agit de piloter une réflexion, comme ce fut le cas avec la création du groupe spécialisé du Conseil permanent de la Francophonie, sur la contribution de l'OIF et de ses membres à la négociation à l'UNESCO du projet de Convention sur la diversité
culturelle ; ou lorsqu'il s'est agi d'apporter le témoignage de la Francophonie asiatique lors d'un séminaire que nous avons organisé aux Nations unies sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement et qui a
célébré les performances économiques du Vietnam ; ou bien encore pour présenter des talents artistiques vietnamiens comme ce fut le cas, lors du Sommet des chefs d'État francophones tenu à Bucarest (Roumanie) en septembre dernier.

Le "pilier" asiatique de la Francophonie a besoin d'être mieux connu et consolidé. Compte tenu de son poids en Asie du Sud-Est, le Vietnam a une responsabilité particulière à cet égard.

Aujourd'hui, le nombre de Vietnamiens francophones ne dépasse pas 1% de la population. Comment les institutions francophones, notamment le Bureau régional Asie-Pacifique de l'OIF, ont-ils agi pour coopérer avec la partie vietnamienne dans le développement de l'espace francophone au Vietnam ?
Le nombre de Vietnamiens francophones n'a toujours constitué qu'une petite minorité de la population de ce pays, par ailleurs fort nombreuse. Ce qui est important pour nous, ce n'est pas que le français se substitue à telle ou
telle autre langue internationale : le combat de la Francophonie, c'est le multilinguisme, l'aspect sans doute le plus symbolique de la diversité culturelle. Le français est parlé par 200 millions de personnes dans le monde et sur les 5 continents : une situation qu'il est seul à partager avec l'anglais. Par ailleurs, l'apprentissage du français résulte d'un vrai choix : les 180.000 apprenants vietnamiens de français sont très motivés ; sans doute par l'ouverture intellectuelle que facilite le français, par son appartenance au patrimoine linguistique multiple du Vietnam mais aussi, certainement, en raison des perspectives professionnelles qu'il offre, soit au Vietnam dans des domaines d'élection tels que le tourisme, l'informatique, le droit, la santé, voire le génie civil ou l'agronomie, soit dans un espace économique riche, aujourd'hui, de 68 pays de tous niveaux de développement.

C'est dans ce contexte que le Vietnam s'est associé en août dernier à 7 autres
partenaires internationaux rassemblés par notre organisation internationale (Cambodge, Laos, France, Québec, Communauté française de Belgique, OIF et l'Agence universitaire de la Francophonie) pour coordonner avec eux ses efforts en faveur de l'enseignement du français. Le Bureau régional de l'OIF et le Centre régional francophone installé à Hô Chi Minh-Ville (le CREFAP qui est un pôle d'expertise très efficace) ont un rôle de coordination et d'animation de ce projet de valorisation du français en Asie du Sud-Est (VALOFRASE) dont la mise en œuvre va s'étaler sur plusieurs années. Nous sommes déterminés à ce que ces efforts débouchent sur un développement du français en Asie du Sud-Est et particulièrement au Vietnam.

En 2007, quelles sont les priorités du programme d'action du Bureau régional Asie-Pacifique de l'OIF au Vietnam. Dans quels volets souhaitez-vous coopérer davantage avec la partie vietnamienne ?
L'action de notre bureau régional s'inscrit dans le cadre des missions que s'est fixé notre organisation pour les années à venir. Nous souhaitons donc poursuivre un programme de coopération qui concerne les 4 grands secteurs que sont la diversité culturelle et linguistique, la promotion de l'État de droit, l'éducation et le développement durable, l'expression des valeurs de solidarité de la Francophonie.

Nous poursuivrons donc notre accompagnement du développement économique vietnamien qui enregistre des performances remarquables, en apportant notre soutien à la formation continue des professionnels de justice et à celle des cadres impliqués dans les négociations commerciales internationales. Cependant 2 dossiers retiendront particulièrement notre attention :
- La ratification de la Convention internationale sur la diversité
culturelle que le Vietnam a approuvée, à l'UNESCO en octobre 2005, avec la quasi-totalité de la communauté internationale. Ce complément nécessaire à l'édifice juridique international donnera une légitimité renouvelée aux politiques nationales de soutien aux industries culturelles, prises dans leur acception la plus large. Il serait alors intéressant de pouvoir réfléchir conjointement, éventuellement en collaboration avec les responsables des autres pays francophones d'Asie du Sud-Est, aux conditions de leur développement. Les atouts du Vietnam à cet égard sont évidemment considérables.
- La relance de l'enseignement du français constitue aussi une priorité. Si cet enseignement bénéficie d'un enracinement ancien, il a besoin d'être actualisé et consolidé, tant au nom de la diversité linguistique que pour obtenir une masse critique suffisante de Vietnamiens francophones. Ils deviendront alors les acteurs d'un développement plus diversifié de la coopération francophone. Celle-ci recèle un potentiel considérable qui ne pourra être pleinement exploité que si plus de jeunes Vietnamiens choisissent d'étudier le français et d'étudier en français. C'est l'objectif du projet VALOFRASE.

À l'occasion de la Journée internationale de la Francophonie, voulez-vous transmettre un message aux lecteurs du Courrier du Vietnam, surtout aux jeunes vietnamiens qui ont choisi la langue de Voltaire ?
Je souhaite leur dire que la lecture de Voltaire reste certainement un exercice passionnant et indispensable à la formation d'un sens critique aiguisé ; de même que bien d'autres auteurs de l'espace littéraire francophone sont susceptibles de leur ouvrir l'esprit et de nourrir leur imaginaire.

Toutefois, ils doivent être conscients que le français, c'est aussi la langue qu'utilisent quotidiennement des centaines de grandes entreprises, dont certaines ont déjà commencé à délocaliser leurs activités au Vietnam. C'est la langue dans laquelle se développent des dizaines de pays soucieux de nouer des liens concrets dans tous les domaines d'activité. Le Courrier du Vietnam reflète d'ailleurs souvent cette vitalité.

La jeunesse vietnamienne est douée d'un dynamisme peu banal qui dispose, avec l'espace francophone, d'un terrain de découverte et d'épanouissement à sa mesure.

Réalisé par Y Vi/CVN
( 20/03/07)

http://lecourrier.vnagency.com.vn/default.asp?CATEGORY_ID=14&NEWSPAPER_ID=34&TOPIC_ID=14&REPLY_ID=42250

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